[Articles] [Projet] Nouvelle étape pour le projet imagerie médicale de la CGT
Le syndicat CGT Thalès est à l’initiative de la création à Moirans, en Isère, d’une société coopérative pour accompagner PME et start-up des technologies médicales françaises. Une première étape dans la construction d’une filière d’imagerie médicale française.
Le premier accélérateur industriel d’imagerie médicale voit le jour en France
C’est l’aboutissement de douze années d’un travail sans relâche de la CGT initié à l’issue d’une lutte pour la sauvegarde de l’activité d’imagerie médicale dans le groupe Thales. En 2012, la direction du groupe réunissait les salarié·es de Thales et de Trixell du site de Moirans pour leur signifier son intention de vendre sa branche médicale. Ce fût le point de départ d’une lutte qui a permis, dans un premier temps à l’arrêt définitif de cette cession.
Fruit d’une collaboration entre acteurs publics et privés, la création de cette société coopérative d’intérêt collectif est une nouvelle étape pour le développement d’une filière industrielle de l’imagerie médicale en France s’appuyant sur les capacités technologiques de Thales et d’un tissu de PME associées à la démarche. Ce projet s’inscrit « dans la perspective de productions industrielles, à partir des développements qui auront lieu dans le cadre d’Axel à Moirans », explique Franck Perrin, de la CGT Thalès, artisan du projet « Imagerie médicale », au sein du Comité stratégique de la filière industries et technologies de santé.
Une avancée pour la souveraineté industrielle
Cet accélérateur a pour vocation de développer des technologies de pointe dans le domaine de l’imagerie médicale, un secteur stratégique où la France aspire à renforcer sa souveraineté. En concentrant des compétences en recherche, développement et production sur le territoire national, ce projet ambitionne de réduire la dépendance envers les acteurs étrangers tout en créant des emplois qualifiés.
Lors du lancement, en juillet 2024, la CGT a rappelé que cet investissement doit être accompagné d’une politique industrielle ambitieuse, garantissant que les retombées économiques et sociales bénéficient avant tout aux salariés et aux usagers. La filière de l’imagerie médicale offre des opportunités énormes pour construire un modèle économique durable, fondé sur la coopération entre secteur public et entreprises locales.
Un projet original qui n’aurait pu voir le jour sans l’engagement de la CGT Thalès
« Les salariés de Thales ont démontré que l’on peut utiliser des technologies issues de l’armement pour produire des équipements de soins ; les salariés sont légitimes à discuter du contenu de leur travail » a rappelé Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, invitée au lancement du projet. C’est « grâce à l’intervention de la CGT que les expertises syndicales et professionnelles ont pu se croiser », de l’université au CEA et l’hôpital a-t-elle insisté.
Des innovations au service de la santé
Cette coopérative est garante d’une « confrontation à la réalité » pour Monique Sorrentino, directrice générale du CHU de Grenoble qui permet une réponse effective aux besoins des soignants par des équipements adaptés à leurs pratiques. En effet, l’imagerie médicale joue un rôle crucial dans le diagnostic et le suivi des pathologies. Le développement de nouvelles technologies dans ce domaine permettra d’améliorer la précision des diagnostics, de réduire les délais de prise en charge et d’offrir des solutions adaptées aux besoins des patients.
Dans ce sens, la CGT a rappelé que ces avancées technologiques ne doivent pas se faire au détriment des principes fondamentaux d’égalité et d’accès universel aux soins. Si cet accélérateur permet de produire des équipements performants, il est primordial que ceux-ci soient accessibles à toutes et tous, sans distinction de condition sociale ou de lieu de résidence.
Un levier pour l’emploi et les compétences
Ce projet représente également une formidable opportunité pour l’emploi et la formation. La CGT plaide pour que les travailleurs et travailleuses soient pleinement intégrés dans cette dynamique, avec des conditions de travail dignes et des perspectives de carrière valorisantes.
Le secteur industriel, souvent délaissé ces dernières décennies, retrouve ici une impulsion nouvelle. Il est impératif que cette relance industrielle repose sur des bases solides : un dialogue social renforcé, des investissements publics structurants et une reconnaissance des savoir-faire des salariés.
L’importance du droit d’intervention des salarié·es
Enfin, ce projet illustre la nécessité d’une vision collective pour relever les défis technologiques et sociaux. « Si les salariés n’avaient pas que des strapontins dans l’entreprise, bien d’autres projets pourraient émerger ; le droit d’intervenir sur les choix stratégiques, c’est la garantie à moyen et long terme que l’on pourra opposer à la financiarisation la réponse aux besoins de la population » a souligné Sophie Binet.
La CGT appelle à une gouvernance transparente et participative, associant les syndicats, les professionnels de santé, les chercheurs et les citoyens.
L’accélérateur industriel d’imagerie médicale pourrait devenir un exemple inspirant d’innovation au service de l’intérêt général, à condition que les questions de justice sociale et d’éthique soient placées au cœur du projet.
La CGT suivra avec vigilance l’évolution de ce chantier, afin de s’assurer qu’il contribue véritablement à l’amélioration des conditions de vie et de travail de toutes et tous.